1e partie accessible ici.

Ces outils numériques, quand ils ne sont pas utilisés à des fins de divertissement ou de communication inter-personnelle ou intra-communautaire, placent le formateur face à une autre difficulté : l’accès illimité aux connaissances. 

Il est désormais communément accepté que le rôle du formateur n’est plus de proposer un contenu de connaissance exclusif, inédit, mais plutôt d’adapter et de transmettre un contenu qui était accessible à tous dans son format brut.

Depuis que Google et Wikipedia ont mis à disposition au plus grand nombre la recherche d’informations et l’identification de sources bibliographiques, chaque apprenant a accès à la connaissance que le formateur doit lui faire intégrer. Le cœur de la transmission ne relève donc plus du caractère inédit et inaccessible du contenu, mais de l’adaptation de celui-ci pour qu’il corresponde aux capacités d’intégration du groupe d’apprenants, voire de l’apprenant lui-même.

L’arrivée soudaine, massive des IA génératives soulève le défi de la capacité de recherche de l’information : là où un moteur de recherche donnait des dizaines de pages de résultats possibles, sous la forme de liens URL, une IA générative va formuler un résultat unique, à la posture définitive. 

Le défi est donc double dans la reconquête de l’attention en salle d’apprentissage : clarifier le rôle du formateur-transmetteur dans le rapport à l’information, et juguler les effets indésirables des supports numériques pour que les moments de distraction soient des moments anticipés dans la séquence pédagogique.

L’attention comme condition préalable à l’apprentissage

Sont généralement distinguées 4 catégories d’attention, au sein de la définition donnée plus haut (JAMES, 1890).

L’attention soutenue, qui a comme vertu de maintenir l’attention sur une longue durée. C’est celle-ci qui est mise en cause dans les études citées précédemment. 

L’attention sélective permet quant à elle de filtrer les informations non pertinentes : concentré sur un objectif, l’apprenant en situation d’examen par exemple va être moins sensible aux bruits de la salle. Il aura alors déterminé que l’information “bruit de chaise qui frotte sur le sol” était une information de faible importance en comparaison avec l’importance revêtue par l’examen. Ce même bruit de chaise, en fin d’un cours, de fin de journée aurait probablement eu comme effet d’apporter une distraction qui était – inconsciemment – guettée.

L’attention partagée, autrement appelée multitasking, ou capacité à gérer plusieurs tâches simultanément. Il n’y a guère de consensus scientifique sur la supposée capacité de la génération Millenials à mener à bien plusieurs tâches simultanément, y compris des tâches d’apprentissages. (ERHEL, 2025)
Néanmoins, c’est un type d’attention qui peut être sollicité lors de séquences pédagogiques qui mêlent exercices individuels et collectifs, réflexion et travaux pratiques, etc. 

Enfin, l’attention exécutive, au service du contrôle et de la régulation des autres formes d’attention. “On désigne sous le terme de « contrôle exécutif » l’ensemble des processus qui sous-tendent la planification, la sélection, l’initiation, l’exécution et la supervision des comportements volontaires.” (DEHAENE, 2015)

L’un des leviers de réussite du formateur dans son rôle de transmission et d’appropriation sera de stimuler l’attention de ses apprenants en faisant appel à une ou plusieurs catégories d’attention. Le changement de sujet est, naturellement, une manière évidente de remettre le groupe d’apprenants en posture active, puisqu’ils auront entendu un stimulus tel que “changeons de sujet maintenant. Laissons le sujet A  pour passer au sujet B”. 

Cet exemple de phrase-clé permet de provoquer un regain d’attention, puisque les apprenants ont compris, sans le verbaliser, que le formateur leur permettait de clore une phase d’attention soutenue, pour en démarrer une nouvelle. 
Par un gimmick auditif ou visuel, il est possible de reprendre le rythme d’apprentissage voulu par le formateur, puisqu’une nouvelle séquence devient attendue par les apprenants : “j’ai reçu le stimulus de changement, j’attends donc la suite avec curiosité”. Ce principe de signal émis par le formateur a été étudié auprès de groupes d’élèves de niveau primaire par une équipe de l’Université de Québec, avec une conclusion positive : les signaux permettent d’orienter l’attention vers les apprentissages visés. (CARPENTIER et al., 2024)

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